La Qualité de Vie au Travail (QVT), et si on avait tous à y gagner ?

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Depuis 2003, chaque année l’ANACT [1] propose une semaine de réflexion sur la Qualité de vie au travail (QVT). Enfin, 10 ans après, les partenaires sociaux ont signé le 19 juin 2013, l’ANI [2] sur la qualité de vie au travail.  La grande innovation de cet accord national interprofessionnel est de ne plus segmenter les problématiques, mais de proposer enfin une vision plus globale. Il s’agit, ici, de créer les conditions d’une performance durable de l’organisation qui soient conciliables avec les besoins des Hommes.

LA FRANCE, PAYS DE LA QUALITÉ DE VIE MAIS PAS AU TRAVAIL

La grande étude sur les conditions de travail réalisée la Fondation de DUBLIN [3] montre que la France est la championne du stress au travail. Parmi les 27 pays de l’Union européenne, seules la Grèce et Chypre font apparaître des taux de stress plus élevés. Vincent Prolongeau, président de Pepsico  France, avait compris, bien avant 2010  l’intérêt pour une entreprise d’être attentif aux objectifs individuels de ses salariés. Chaque individu poursuit des objectifs qui lui sont propres (certains mêmes ne sont pas liés au travail) ;  il est dans l’intérêt de l’entreprise d’aider cet individu à les atteindre. Le salarié est ainsi véritablement reconnu pour ce qu’il est, et donne alors sa pleine mesure dans son travail.

Le compromis fordiste du XXème siècle, pierre angulaire de l’engagement des salariés, selon lequel  les gains de productivité réalisés par les travailleurs leur profitaient en terme d’augmentation de pouvoir d’achat ou de protection sociale,  semble avoir vécu. En effet, depuis  les années 80, l’hyper-concurrence mondiale a remis en cause le partage de la valeur et la disparition de ce pacte social a créé un fossé grandissant, d’une part entre les objectifs des salariés et ceux de leur entreprise, et d’autre part entre l’immensité des attentes et leur non-réalisation. Les salariés ont à faire face à des injonctions paradoxales. De ce grand écart naît la souffrance au travail.

Si le capital de l’entreprise appartient aux actionnaires, l’entreprise elle-même doit appartenir aux salariés. Si ces derniers se sentent chez eux dans l’entreprise et qu’ils peuvent concourir au développement  d’une meilleure qualité de vie au sein de cette même entreprise, alors ils seront vraiment impliqués dans leur travail. Les résultats de Pepsico ont largement démontré l’efficacité de la méthode.

LA QUALITÉ de VIE AU TRAVAIL, UN PROJET POSITIF ET FÉDÉRATEUR

Nous sommes passés en 10 ans du concept  du stress au travail à celui de la qualité de vie au travail, en passant par la prévention des risques psychosociaux (RPS). D’une logique de risque, encadrée par des obligations légales précises pour l’employeur et souvent principal déclencheur des diagnostics, nous passons à  une logique d’opportunité pour agir vraiment sur le travail et les conditions de travail tout en y associant le développement des personnes.

La prévention des RPS se heurte à la résistance passive de nombreux managers qui n’en voient pas le bénéfice opérationnel ou managérial direct.  Certains peuvent aussi penser que le fait de ne pas avoir de travail est une bien plus grande souffrance, et que le fait d’en avoir un devrait suffire à  rendre les gens heureux. De plus, les entreprises vivent souvent les dépenses de prévention des RPS comme des coûts, alors que celles  de la QVT représentent un investissement avec, par exemple, des bénéfices sur une plus grande implication et une plus grande motivation des salariés dans leur travail.

C’est pourquoi, il est essentiel de proposer des objectifs concrets et réalistes de QVT aux managers. Il est aisé de débattre de la QVT avec les collaborateurs. La démarche est participative et permet de travailler sur les véritables attentes des salariés. L’ensemble des parties prenantes devient ainsi co-acteur de la QVT. Cela réintroduit de la souplesse et de la confiance dans les relations et donc dans l’organisation. Nous retrouvons 30 ans après, le droit d’expression des salariés sur leurs conditions de travail, mis en avant par les lois AUROUX. Ainsi, les entreprises désireuses d’innovation, de progrès et de performance ont tout à gagner à s’intéresser et à s’occuper de leurs salariés. Bien plus, c’est la façon la plus sûre de leur permettre de mieux s’occuper de leurs clients.

D’une façon positive, la qualité de vie au travail semble pouvoir dégager des gisements de motivation, d’enthousiasme et de créativité  permettant de fédérer, voire de réconcilier les acteurs autour d’une performance à la fois économique, environnementale et humaine.

LA HAUTE QUALITÉ HUMAINE®,  UN CHEMIN DE TRAVERSE

Dans notre monde globalisé, nous pensons que  la différence se fait par  l’humain. Un être humain  à la fois compétent et soutenu,  libre et connecté aux autres, responsable, lucide et bienveillant,  enthousiaste et confiant. C’est pourquoi nous sommes convaincus que les entreprises engagées dans  ce type de démarche doivent être encouragées et valorisées. Nous leur proposons de révéler la Haute Qualité Humaine® (H.Q.H®) qui sommeille en chacune d’elles et ne demande qu’à s’éveiller.

Comment développer de meilleures conditions de travail ? C’est progresser sur 5 axes qui sont les « Cinq S » de la H.Q.H®. Ces cinq axes à organiser et faire grandir en parallèle, sont :

Vivre au travail dans un univers d’abord plus SÛR et plus SAIN, c’est avoir un bureau accessible et de bonnes conditions de travail. Développer des organisations et un management plus SIMPLE,  c’est avoir des espaces participatifs et des espaces de liberté pour inventer des façons de faire évoluer son métier. Travailler dans un environnement plus SEREIN, c’est avoir une bonne ambiance et de bonnes relations de travail, mais aussi un sentiment plus grand de son utilité sociale, grâce à un environnement respectueux et reconnaissant.  Enfin, donner plus de SENS à son travail, c’est avoir le sentiment de participer à une aventure exaltante, toujours progresser, travailler en harmonie avec ses valeurs personnelles. C’est aussi développer l’amour du travail bien fait  qui rend heureux. Car c’est ce que l’on aime qui fait sens.

La Haute Qualité Humaine® d’une organisation, est sa capacité à valoriser les femmes et les hommes, pour faire de ce capital humain, un avantage concurrentiel, créer des bénéfices  au sens de « bene facere » bien faire son travail et effectuer un travail de qualité avec des produits de qualité.

Nous avons beaucoup échangé et travaillé sur un système-expert issu de nos interventions et actions auprès de plus de 25 000 salariés et des dizaines d’entreprises,  fondé sur  les 6 dimensions [4] de la DARES. Nous proposons aujourd’hui à nos interlocuteurs  un projet simple, fédérateur, facile à communiquer et à mettre en place, adaptable à toutes les organisations, puissant et crédible pour englober les grands axes de progrès de la santé et de la qualité de vie au travail. C’est fort de cette expérience que nous avons conçu cinq axes pour développer des organisations « H.Q.H® » dans lesquels les hommes et les femmes seront épanouis et heureux.

DÉVELOPPER DES ORGANISATIONS H.Q.H®, grâce à un Fonds de Dotation avec une mission d’intérêt général.

Avec mon associée Nicole Dutheil nous avons initié le mouvement H.Q.H®, car nous sommes convaincues qu’être bien au travail est un facteur essentiel de la compétitivité. Un groupe de praticiens [5] de l’entreprise s’associe à nous pour lancer le concept des organisations Haute Qualité Humaine® et créer un Fonds de Dotation avec pour mission, la promotion de la Haute Qualité Humaine®, afin d’améliorer la performance individuelle et collective et développer sécurité, santé, confiance et plaisir au travail.

Conçus pour faire le « bilan humain » d’une organisation ou d’une entreprise, nos « Cinq S » ont déjà été testés par un club de réflexion sur la « H.Q.H® », créé et animé par BETTER HUMAN Cie.

« H.Q.H® » est une démarche vouée, à termes, à créer un label. Ce label aura pour but, non pas d’évaluer le déclaratif de la Direction sur ses bonnes intentions, mais de confronter  ce déclaratif à la perception des salariés grâce à un référentiel établi. Il s’agira donc d’un véritable outil de dialogue social, de cohérence entre les idées, les discours et les actes et de cohésion entre la direction et les salariés.

Chacun d’entre nous peut agir pour améliorer la qualité du travail et la qualité de vie de tous. Et vous dans votre travail, dans votre équipe, dans votre entreprise, que pouvez-vous améliorer dans ces « Cinq S » ?

Empruntez le chemin de la H.Q.H® et laissez s’exprimer pleinement votre humanité. En prenant soin de vous et des autres, vous serez plus heureux, plus performant et en bien meilleure santé.

Par le Dr. Florence Bénichoux, Directeur Général et co-fondatrice de BETTER HUMAN Cie, cabinet de conseil en capital humain.

[1] ANACT Agence Nationale pour l’amélioration des conditions de travail

[2] L’Accord National Interprofessionnel

[3] Fondation de DUBLIN, 5eme étude sur les conditions de travail en Europe. Menée en 2010 dans 34 pays de l’Union et impliquant un total de 44 000 travailleurs . « Third European Quality of Life Survey – Quality of Life in Europe : Impacts of the Crisis », Robert Anderson, Hans Dubois, Tadas Leoncikas et Eszter Sandor, Eurofound, décembre 2012

[4] 6 dimensions de la DARES définissant  la qualité de vie au travail : Qualité des relations sociales et de travail, du contenu du travail, de l’environnement physique de travail, de l’organisation du travail, Possibilité de réalisation et développement professionnel, Conciliation entre vie au travail et vie hors travail

[5] Ce club regroupe des dirigeants d’entreprise (PDG, VP, DG), des directeurs des ressources humaines, des directeurs de l’environnement de travail, des directeurs immobiliers, des directeurs de services généraux, des directeurs de la communication, des juristes, sociologues, sémiologues et  philosophes.

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